Histoire de Rollot
- Rollot au Moyen-Âge -
Livre IV - Chapitre I - Texte n°1
Ludovic Baillet

I/ Introduction

Le texte ci-dessous provient du cartulaire de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, œuvre du chanoine Émile-Épiphanius Morel. Il s'agit plus précisément de la charte n°I figurant aux pages 1 à 8 du tome premier dudit cartulaire.

Rien de ce qui a trait à la commune de Rollot n'est mis en évidence, puisqu'aucun lieu-dit de Rollot n'est cité dans ce texte. Cette "non-information" est importante pour la suite de l'exposé.


II/ Version française

I

Fondation du monastère de Notre-Dame de Compiègne
et dédicace de sa Basilique

Compiègne, 5 mai 877

L'empereur Charles le Chauve, désireux d'avoir en ses états une basilique ou collégiale, semblable à celle que devait Aix-la-Chapelle à Charlemagne son aïeul, fonde en son palais de Compiègne une église en l'honneur de Notre-Dame, la fait desservir par un Chapitre de cent clercs, auquel il assigne à titre de dotation perpétuelle : dans le Tardenois, Romigny 1 ; dans le Beauvaisis, Longueil-Sainte-Marie, Sacy-le-Petit et Marest 2 ; dans l'Amiénois, Mesvillers 3 et Erches 4 ; dans le Boulonnais, Attin 5 ; la Celle-Sainte-Macre, près de Fimes-en-Tardenois 6 ; dans le Soissonnais, Bruyères 7 ; dans le Laonnois, Estraon 8 et Berry-au-Bac 9 ; dans le Vermandois, Cappy 10 ; les chapelles de Venette, Verberie 11, Nanteuil 12, Montmacq 13 ; dans le Noyonnais, les Bons-Hommes 14 ; la dîme du Chesne 15, de Verberie 16, Cotoniariorum 17, Ridi 18, de MontMacq 19 ; les deux tiers de la dîme d'Andriacum 20, Ville-en-Tardenois 21, Doullens 22, Craonne 23, Cupinum 24, Ferrières 25, Sinceny, Amigny, Voyenne, Rozoy-sur-Serre, Samoussy 26, Andigny 27, Erquery 28, Sevigny, Attigny-sur-Aisne 29, Belmia 30, Taizy 31, Bitry 32, Ponthion, Merlaut 33, Bussy 34, Chazelles-en-Bourgogne 35, le Pont de la Vesle, dépendance de Fismes ; le tonlieu du marché annuel en la prairie de Venette. Dans la charte qu'il venait de rédiger, le 5 mai 877, jour de la dédicace de la Basilique de Compiègne, Charles le Chauve relate tous ces dons, précédemment consignés dans un prœceptum aujourd'hui perdu, et y ajoute Sarcy 36 dans le Tardenois et Béthancourt près Margny 37 dans le Beauvaisis ; il déclare que tous les biens du Monastère restent sous sa protection, et que les privilèges, accordés aux clercs par le pape Jean VIII et les évêques sortiront leur plein effet.

Original en parchemin, Bibl. nat., fonds latin, n° 8837, f° 48. — CRo, Reg. I. — CRv, CXII. — CRp, 115. — D. Mabillon, De re diplomatica, p. 404. — Hist. Fr., t. VIII, 660. — Arch. Nat., K. 189, n° 172. — Arch. de l'Oise. — BN. Dupuis, vol. 690. — D. Bertheau, f°2.

1 Marne.
2 Oise.
3 Aujourd'hui Piennes, Somme.
4 Somme.
5 Pas-de-Calais.
6 Marne.
7 Aisne.
8 Commune d'Hary, Aisne.
9 Aisne.
10 Somme.
11 Oise.
12 Seine-et-Marne.
13 Oise.
14 Commune de Choisy-au-Bac.
15 Commune de Chelles, Oise.
16 Oise.
17 Serait-ce Croutoy, Oise ?.
18 Vraisemblablement Roye-sur-Matz, Oise.
19 Oise.
20 Serait-ce Andryres, Yonnes ?.
21 Marne.
22 Somme.
23 Aisne.
24 Peut-être Coupigny, Aisne.
25 Commune de la Ferté-Chevresis ?.
26 Aisne.
27 Commune de Vaux-Andigny, Aisne.
28 Oise.
29 Ardennes.
30 Peut-être Beaumé, Aisne.
31 Ardennes.
32 Oise.
33 Marne.
34 Commune de Quincampoix, près Saint-Just, Oise.
35 Ain ou Saône-et-Loire.
36 Marne.
37 Oise.


III/ Commentaires du chanoine E. Morel

L'original de cette charte, appelée charte dorée, à raison de la bulle ou sceau d'or qui y était appendu, est resté dans le chartrier de Saint-Corneille jusqu'à la révolution. Qu'est-il ensuite devenu ? L'Inventaire général des Titres de l'Abbaye 1 va nous l'apprendre. Voici ce qu'on y lit, à la page première, sur la marge, en regard de l'article consacré à ce précieux document : « le 29 nivôse, an quatrième (19 janvier 1796), le citoyen De Maux, garde de la bibliothèque (du Palais) à Compiègne, a enlevé l'original de cette charte, à cause de la rareté de ce parchemin, pour être déposé à la dite bibliothèque ». On ne l'y garda pas longtemps. Dans les premières années du XIXe siècle, il prit le chemin de la Bibliothèque nationale, où il fait actuellement partie d'un volume grand in-folio, richement relié, intitulé Diplomata Sœculorum VIII et IX (fonds latins, n° 8837). « Dans ce volume, nous écrivait M. L. Delisle le 11 octobre 1889, on a fait entrer toutes les chartes carlovingiennes qui étaient arrivées à la Bibliothèque depuis l'an 1750 ou environ ». La charte y occupe le f° 48 2. Elle a environ 0,76 centimètres de hauteur et 0,59 centimètres de largeur. Il se peut qu'on ait rafraîchi les marges en les rognant ; car ces mesures ne s'accordent pas rigoureusement avec celles que nous donne une note descriptive, ajoutée au XIIe siècle, à l'une des copies conservées aux Archives de l'Oise. Nous y lisons : « L'original de cette charte, contenant la fondation de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne par Charles le Chauve, est en parchemin, ayant de longueur deux tiers (d'aulne) moins un demy-poulce (0 m. 778 m.) et de largeur demy-aulne et un poulce (0 m. 621 m.), fort usée, percée en plusieurs endroits de vers : le corps de la dicte charte, contenant vingt-une lignes, la première d'une grande lettre (en lettre allongées, hautes de 0 m. 01c.) ; chaque ligne, distante l'une de l'autre d'un poulce (exactement 0 m. 254 m.), d'une escriture fort antique ; les lettres longues pointues et fort pressées et de difficile lecture ; la couleur de l'ancre esteinte est quasi passée ; la marque de l'empereur Charle de couleur rouge, et les mots à costé de la dicte marque, en grandes lettres semblables à la première ligne de la charte ; et la marque du roy Louis et les mots à costé, de mesme ancre que la dicte charte et de mesme caractère que la dicte première ligne de la dicte charte. La dicte charte estoit scélée d'un sceau d'or en lac de soye blanche., pesant dix ducats d'or (d'une valeur intrinsèque de 117 fr.) sur lequel d'un costé estoit increpé (frappée) une teste d'empereur en bosse, avec ces mots à l'entour : Imperator Fra. Top. (Imperator Franciae Toparcha), et de l'autres costé estoient ces mots : Renovatio Imperii Roma et Fra. (Francia). Le dict scel n'y est plus, ayant esté dérobé par un chanoine. Il est faict mention de ce sceau par les Vidimus et lettres des commissaires pour les amortissements, du 14 avril 1521, et par les extraits tirés de la Chambre des Comptes, où la dicte charte a esté enregistrée avec plusieurs autres, et aussi à la Chambre royalle du Trésor à Paris. Au bas de la dicte est attaché et cousu l'extrait d'un arrest du Parlement en parchemin, signé Du Tillet avec paraphe, pour la recognoissance du sceau d'or, dont la dicte charte estoit scellée, de l'an 1271, lequel arrest se trouve au Parlement au premier registre, feuillet 188 verso, entre les arrests de Pentecoste 1271 ». Cet extrait authentique de l'arrêt du Parlement est aujourd'hui perdu. Nous le reproduisons d'après une copie conservée aux Archives de l'Oise. Le texte en est d'ailleurs identique à celui que dom Mabillon a donné dans sa Diplomatique, p. 404.

L'illustre bénédictin a inséré au même endroit, le diplôme lui-même, dans son entier, après en avoir vérifié l'exactitude sur l'original 3, ce que nous n'avons pas fait pour le t. X de son Spicilegium dont Luc d'Achery, qui s'était contenté de la copie, parfois fautive, du cartulaire rouge. Nous avons admiré le soin attentif et minutieux avec lequel dom Mabillon a préparé les textes qu'il a fait entrer dans sa Diplomatique. A peine dans la charte dorée se rencontre-t-il un mot, pour lequel on puisse proposer une lecture différente de la sienne. Encore ce mot, tout important qu'il soit, puisque c'est un nom propre, occupe-t-il une place très fatiguée et difficile à déchiffrer.

À son texte, dom Mabillon a joint un fac-simile très considérable. Il a ainsi reproduit les trois quarts de la première ligne du diplôme, la seconde ligne, presque toute entière, les derniers mots de la vingtième ligne, la vingt-et-unième ligne, les monogrammes avec leurs légendes, la souscription du notaire et enfin la date ;mais il lui a fallu apporter quelques modifications à l'étendue des lignes, pour ne pas excéder le format in-folio 4.

C'est à bon droit qu'il nous fait observer l'importance de ce document original. Le monogramme de Charles le Chauve, disposé en forme de croix grecque, y est peint au cinabre ou minium, suivant l'usage des empereurs  d'Orient. On ne connaît que deux types de monogramme au cinabre émanant d'un empereur d'Occident et tous deux viennent de Charles de Chauve 5. Le premier en date se trouve au bas d'un prœceptum, scellé d'une bulle d'or, accordé au vénérable chapitre de Saint-Martin de Tours, venerando gregi beati Martini, pour assurer la conservation de ses propriétés. Il est du 23 avril 862, VIII Kal. Maii, indictione Xa, anno XXII°, regnante Karolo gloriosissimo rege 6. Celui de la charte de Saint-Corneille lui est donc postérieur de 15 ans. Ce dernier a 0 m. 057 millim. de haut. Il est accompagné d'un autre monogramme, à l'encre noire, dessiné en carré. C'est celui de Louis le Bègue, ajouté à titre de confirmation, après la mort de Charles le Chauve, son père. Sa hauteur n'est que de 0 m. 024 millim.

Une autre particularité non moins remarquable de notre diplôme consiste en sept ou huit lettres rouges, hautes de 0m. 03 cent., couvrant en manière de surcharge la souscription du notaire : Audacher, notarius, ad vicem Gauzlini, recognovit et subscripsit. A quel alphabet appartiennent ces lettres ? La forme en est sensiblement différente de celle de l'acte. C'est le nom du chancelier Gauzlin, Gozlinus, avait écrit tout d'abord dom Mabillon 7. Une objection sérieuse pouvait être faite à cette lecture. La vraie signature du chancelier Gauzlin est connue. Nous la trouvons au bas d'un diplôme synodal, rédigé au concile de Pîtres près Pont-de-l'Arche, en 861. On y lit non pas Gozlinus, mais bien Gauzlinus regiae dignitatis cancellarius. L'examen de deux pièces, portant des caractères presque identiques à ceux du diplôme de Saint-Corneille et tracés également au cinabre, ne tarda pas à obliger le savant bénédictin à revenir de son premier jugement. L'un de ces documents est un fragment d'une lettre adressée par un empereur d'Orient à un prince Franc, peut-être Nicéphore (802-811), à Charlemagne. L'autre est le prœceptum, déjà mentionné, donné à Saint-Martin de Tours, l'an 862. L'attention de dom Mabillon fut appelée, d'autre part, sur une charte en écriture lombarde, datée de l'an 1001 et souscrite du seul mot LEGIMUS entre deux signes de croix. Léon, archevêque de Ravenne, de qui elle émane, y déclare l'avoir signée ; et cependant ce n'est pas son nom, mais le mot Legimus qui en forme toute la souscription. Ce fut une révélation pour dom Mabillon. Toutefois, dans la crainte d'une nouvelle méprise, il se garda bien de rien affirmer et se contenta de donner dans le Supplément de sa Diplomatique 8 tous les fac-simile et tous les renseignements propres à élucider la question. Il nous laisse pourtant entendre que, dans la charte de Compiègne, les caractères énigmatiques signifient vraisemblablement Legimus, et sont comme une approbation, donné à l'acte, par Charles le Chauve lui-même et de sa propre main.

La date de ce diplôme ne semble pas de la même plume que le reste de la charte. L'écriture en est plus arrondie et les L y ont une forme toute spéciale. Aurait-elle été ajoutée au moment de la signature par le chancelier ou par un autre scribe ? Il est permis de le supposer.

Une dernière reconnaissance de ce diplôme a été faite au XVIIIe siècle, comme l'indique la mention suivante, intercalée sous les monogrammes : « Représentées le treize octobre mil sept cent trente-neuf, transcrittes et insérées dans les registres de la Chambre des Comptes, en exécution de la déclaration du roy du vingt-six avril mil sept trente-huit. Signé : Noblet ».

Au dos de la charte, le moine préposé à la garde des archives abbatiales, a, sans doute comme préparation du cartulaire rouge au XIIIe siècle, ajouté ce titre : REGUM I. Karolus imperator. De fundatione ecclesie Compend., de collatione reddituum et numero canonicorum.

1 Arch. de l'Oise.
2 C'est l'unique charte, relative à Compiègne et à Saint-Corneille, que renferme le volume. Au f° 83, se trouve, il est vrai, un autre diplôme de Charles le Chauve, rédigé à Compiègne, le 23 mai 864 ; mais il a trait à diverses terres données par le prince auprès de Narbonne, à une certain Adrarius. Data X. Kal junii, indictione XII, anno XXI, regnerate gloriarissimo Karolo rege. Actum aput Compiendo palatio regio, in Dei nomine , feliciter, Amen.
3 C'est ce qui a été publié dans le t. VIII du Recueil des Histoires de France, p. 660.
4 De re Diplomat., lib. V, p. 406 et 407 ; Tabul. XXXI n°2.
5 En 1034, Pandulphe IV, prince de Capoue, faisait ainsi tracer son monogramme au minium, sur un diplôme en écriture lombarde, destiné à son cousin Adelmond, de Tertia parte MontisMalconi, aliisque rebus. Il se servit du minimum pour sa souscription au bas de l'acte. Le parchemin fut scellé d'une bulle. Ces trois circonstances, dit Mabillon (De re Diploma. p. 446) sont bien dignes de remarque. Elles sont identiques à celles qui caractérisent le diplôme de Charles le Chauve, en faveur de l'église de Compiègne.
6 Op. cit. Suppl. Cap. 12, p.55.
7 De re diplomatica, p. 43.
8 Diplomaticat. Supplem. Cap. 12, p. 54 et 55 ; Egyp. III, p.72.
 


IV/ Version latine (version originale)

Karolus imperator. —
De fundatione ecclesiae Compendiensis ;
de collatione reddituum et numero canonicorum

In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Karolus ejusdem Dei omnipotentis misericordia imperator augustus : Quicquid voto aut gratiarum actione Deo omnipotenti offerimus, cui non solum omnia 1 quae habemus, quaeque de manu ejus accepimus, sed etiam nosmetipsos debemus, qui nos et praedecessores nostros imperatores [2] 2 et reges,nullo nostro merito, sed sua benignissima gratia, regium in stemma evehere dignatus est ; hoc nobis ad praesentem vitam felicius transigendam et ad futuram uberius capessendam consequentius fore nullo modo dubitamus. Poinde quia divae recordationis imperator, avus scilicet noster Karolus, cui divina Providentia monarchiam totius hujus imperii confere dignata est, in palatio Aquensi cappellam in honore beatae Dei genitricis et Virginis [3] Mariae construxisse ac clericos inibi Domino ob suæ animæ remedium atque peccaminum absolutionem, pariterque ob dignitatem apicis imperialis deservire constituisse ac congerie quamplurima reliquiarum eundem locum sacrasse, multiplicibusque ornamentis excoluisse dinoscitur ; nos quoque morem illius imitari ceterorumque regum et imperatorum, decessorum scilicet nostrorum, cupientes, cum pars illa regni nobis sorte divisionis nondum contigerit, infra tamen [4] potestatis nostræ dicionem, in palatio videlicet Compendio in honore gloriosae ac perpetuae semper Virginis Mariae, monasterium, cui regium vocabulum dedimus, fundotenus extruximus et donariis quamplurimis, Domino juvante, ditavimus, atque clericos inibi numero centum pro statu sanctae Dei ecclesiae, pro genitoribus ac progenitoribus nostris, pro nobis, conjuge et prole, proque totius regni stabilitate, jugiter Domini misericordiam implorare decrevimus. In cujus basilicae usus atque [5] in praefatorum fratrum necessaria stipendia, villas has perpetuo habendas delegavimus, id est in pago Tardanensi villam Ruminiacum cum capella et omni integritate sua ; et in pago Belvacensi villam Longovilum 3, Sacciacum et Mariscum cum omnibus ad se pertinentibus ; et in pago Ambianensi Melvillare et Erptias 4 ; in pago Bolinensi 5 villam Attinium ; et cellam sanctae Magrae 6 in pago Tardanensi cum omnibus appendiciis suis ; et in Suessonico 7villam Bruarias ; [6] et in pago Laudunensi Stradonis villam et Bairiacum post Primordii discessum ; et in pago Vermandensi villam 8, Capiacum, culturam etiam quam eisdem fratibus ad suos exteriores usus extra monasterium cum piscatoria 9 concessimus ; cappellam in Venitta 10, capellam in Vermeria, cappellam in Nantoilo, capellam in Mamaccis 11 post discessum Bertonis 12 ; in pago Noviomensi villulam quae dicitur Bonas Mansiones, decimam etiam fiscorum [7] quas eis per praeceptum concessimus, hoc est decimam Cassini 13, Vermeriae, Cotoniariorum 14, Ridi atque Mamaccis 15 et duas partes decimae de Andriaco, Villa, Dorlindo, Creoli, Cupino 16, Farrariis 17, Cincinniaco, Aminiaco 18, Vienna, Roseto, Salmuntiaco 19, Antiniaco, Erchiriaco, Siviniaco, Attiniaco, Belmia, Tasiaco, Bidrico 20, Pontione, Merlao 21 atque Baxeto 22 et reliquas omnes quas per nostrum praeceptum habent ; et Casellas 23 in Burgundia, et pontem [8] super fluvium Vitulam pertinentem de Finibus, et omne teloneum annualis mercati cum prato ubi contra Venittam 24 congregari solet ; similiter etiam totius silentii et quietudinis canonice ibi morem observandum, et ut a nullo exteriori hospite violetur confirmamus, sicut in eorum praecepto dicitur, et de mansionibus aeque liberam canonice licentiam tribuimus, sicut in eodem continetur praecepto. Praeterea [9] memorato sancto monasterio et fratribus inibi assidue Domino famulantibus, in die qua dedicationem ipsius sanctae basilicae celebravimus, hoc est tertio nonas maii, per idem nostrae auctoritatis praeceptum concedimus in pago Tardanensi villam Sarciacum cum manso indominicato et cappellam et quicquid ibi aspicit vel quicquid ex eadem Otherus 25 comes habuit ; et in pago Belvacensi in Bettonicurte 26 quicquid ibi de Madriniaco 27 [10] aspicit. Praedicta itaque omnia, villas et res quas ante dedicationem praefate basilicae et has quas in ejusdem dedicatione concessimus cum cappellis et omnibus appendiciis suis, terris, vineis, silvis, pratis, pascuis, aquis aquarumve decursibus, molendinis mancipiis utriusque sexus desuper commanentibus vel ad easdem juste legaliterque pertinentibus, exitibus et regressibus et universis legitimis [11] terminationibus saepedicto sancto loco, congregationique inibi Domino deservienti aeternaliter habendas et canonice disponendas pro eorum oportunitatibus destinamus et de nostro jure in jus et potestatem ejusdem monasterii transponimus, ita ut quicquid ab hodierna die, sicut in aliis praeceptis nostris ordinabimus per nos perque successores nostros vel quorumlibet dono divina pietas saepefato loco [12] et fratribus conferre voluerit, habeant, teneant atque possideant, liberamque ac firmissimam in omnibus habeant potestatem faciendi atque canonice disponendi, eo scilicet ordine ut officinae et ministeria ejusdem loci, scilicet luminarium hospitum, ac receptionis pauperum, atque stipendiorum fratrum, secundum quod nos aut missi nostri seu praelati ejusdem monasterii congrue disposuerint [13] ordinata consistant.

Sanccimus denique etiam ut praefatae res omnes sub immunitate et tuitionis nostrae defensione ea consistant, qua caeterarum ecclesiarum res quae hoc a nobis vel a praedecessoribus nostris obtinere promuerunt consistere noscuntur, ita ut nemo fidelium nostrorum, vel quilibet ex judiciaria potestate, aut ullus ex reliquis tam praesentibus quam et futuris in ecclesias aut loca [14] vel agros seu reliquas possessiones praefati monasterii, quas in quibuslibet pagis vel territoriis juste et legaliter possidet, vel ea quae deinceps in jure ipsius sancti loci divina pietas augeri voluerit, ad causas audiendas vel freda 28 aut tributa exigenda, aut mansionaticos vel paratas faciendas, seu fidejussores tollendos, sive homines tam ingenituos 29 quamque et servos super terram ipsius commanentes distrin [15] gendos aut ullas redibitiones aut inlicitas occasiones requirendas, nostris nec futuris temporibus, ingredi audeat, nec ea quae supra memorata sunt penitus exigere praesumat, et quicquid de rebus memoratae ecclesiae fiscus sperare poterat, totum nos pro acterna remuneratione praedicto sancto loco concessisse perpateat, ut perhennibus temporibus in alimonia pauperum et stipendia canonicorum ibidem Domino [16] famulantium in augmentum proficiat, quatinus ipsis servis Dei eorumque successoribus pro nobis Domini misericordiam uberius exorare delectet ; et quia praefatas res omnes ex fiscis nostris fuisse constat, volumus pariterque jubemus ut sub ea lege qua res fisci nostri maneant atque sub eo mundeburde et defensione tueantur ac defendantur et sub ea tuitione imperiali consistant qua coenobia, Prumbia [17], scilicet et quod atavus noster Pippinus construxit et monasterium sanctimonialium Lauduno in honore Sanctae Mariae constitutum consistere noscuntur. Enimvero quae in auro, argento et gemmis, vestibus, rebus vel in quibuslibet speciebus eidem loco congessimus, quia ob amorem divini cultus pariterque animae nostrae, genitorum ac progenitorum nostrorum remedium, Domino consecranda obtulimus, rogamus atque testificatione [18] divini nominis interdicimus ut nullus regum aut imperatorum successorum nostrorum nec quisquam ordinis qualibet dignitate praeditus, ex hiis quae supra memorata sunt quicquam in suos usus accipiat, aut in cappelle suae cultus admoveat, nec, sicut aliquando factum esse constat, ad aliam ecclesiam, quasi sub obtentu elemosinae conferat, sed, sicut ea Domino ac praefato sancto loco dedimus integerrime ac perpetualiter [19] habenda conservet. His vero omnibus supradictis rebus, quas saepememorato sancto loco in oportunitate basilicae et fratrum praefatorum, numero centum, suffragia constituimus, nihil minuere quisquam praesumat ; sed haec nostrae pietatis concessio et imperialis altitudinis sanctio ita perpetuo conservetur, sicut in privilegio domni et sanctissimi patris nostri Johannis, apostolici et universalis papae, ac aliorum episcoporum [20] privilegiis continetur astipulatum ; augere vero si quispiam voluerit, augmentatis et multiplicatis eorum usibus, rebus accumulentur divini cultores servitii. Memoratum denique domni et sanctissimi papae Johannis privilegium per hoc nostrae imperialis excellentiae dictum confirmamus, atque sicuti sua decrevit sanctio, ita perpetuo mansurum nostra decernit roboratio. Et ut haec nostrae [21] donationis auctoritas ac edicti constitutio atque immunitatis roboratio per omnia tempora inviolabiliter in Dei nomine conservetur, veriusque credatur, manu propria subterfirmavimus et bullarum nostrarum impressionibus insigniri jussimus.

[22] Signum Karoli (Monogramma) imperatoris augusti.

Signum Hludowici (Monogramma) gloriosi regis.

[23] Audacher 30 notarius ad vicem Gauzlini 31 recognovit et subscripsit.

Datum III° nonas maii indictione X, anno XXXVIJ regni domni Karoli imperatoris in Franciam 32 et in successione Hlotharii regis VII et imperii secundo. Actum Compendio palatio imperiali in Dei nomine feliciter. Amen.

Extractum a registras Curiae Parlamenti.

Quoddam privilegium monasterii Compendiensis, bulla aurea Karoli Calvi, Francie regis signatum, arrestatum fuerat, tanquam de falsitate suspectum, per curiam, eo quod filo, cui bulla ipsa appendebatur, poni poterat bulla et de eo removeri. Postmodum considerato quod hoc plus proveniebat ex antiquitate privilegii ipsius, quam ex aliqua falsitate, precepit dominus rex privilegium ipsum reddi abbati et conventui dicti loci.

Inter judicia, concilia, arresta, Parisiis in Parlamento Pentecostes, anno Domini millesimo ducentesimo septuagesimo primo.

Collatio facta est. Sic signatum Du Tillet, cum parapho.

1 Hic rima in membrana verbum solum subduxit, ideoque legerunt cum, pro cui non, et sic mendose cartularia cum omnia habent.
2 Numeri, uncis [ ] inclusi, initium linearum notant in autographo.
3 Longolium CRo, CRp.
4 Melvillare et Hertias CRo.
5 Boloniensi CRo, CRp.
6 Macre CRo, CRp.
7 Suessionico CRo, CRp, HFr.
8 Villarem HFr.
9 Piscatura HFr , CRo, CRp.
10 Veneta CRo, CRp.
11 Mamacis CRo.
12 Otonis CRo, CRp
13 Quasini CRo.
14 Coonanorum CRo ; Cotomariorum HFr.
15 Mamacoii CRo ; Mamacrii D. B.
16 Creolicumno HFr.
17 Ferrariis CRp, HFr.
18 Arminiaco CRo ; Ariniaco CRp.
19 Salmonciaco CRo.
20 Berniatasiaco, Bidrico CRo ; Bermi, Tasiaco, Bridico D. B. ; Belmia, Tasiaco, Bridico CRp, HFr.
21 Mellao CRo, D. B.
22 Busseto CRo.
23 Quassellas CRo, D. B.
24 Venetam CRo, CRp.
25 Otherius HFr.
26 Bethonicurte CRo, CRp.
27 Mandriniaco CRo.
28 Feoda CRo, CRp.
29 Ingenuos CRo, CRp.
30 Aucharius CRo, CRp.
31 Rocelini CRo, CRp.
32 Francia HFr, CRo, CRp.


 

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