Rollot et ses hameaux
- La communauté et la paroisse -
Chapitre 6
Maxime de Sars

 

On entendait autrefois sous le nom de communauté la réunion des habitants d’un village, le plus souvent d’une paroisse, qui avait le droit de posséder et de s’administrer même en dehors de tout privilège communal. C’était une organisation toute démocratique ; les chefs de famille de Rollot et des hameaux se réunissaient devant l’église de la Villette au son de la cloche qui les convoquait à la sortie de la messe du dimanche, pour discuter de leurs intérêts communs, décider des procès à intenter ou à soutenir, élire un collecteur des tailles ou de la capitation, désigner un jeune homme appelé à servir dans le bataillon de milice provinciale, etc. À la suite d’abus trop fréquents, Louis XIV avait empêché les communautés d’aliéner ou d’ester en justice sans l’autorisation de l’intendant ou de son subdélégué, créant ainsi la tutelle administrative que Napoléon rétabli.

I1 n’existait pas de biens communaux à Rollot. Les assemblées choisissaient, en vue d’exécuter leurs décisions pour la durée d’un an, un syndic, dont-ils entendaient les comptes en fin d’exercice. Le syndic se faisait rembourser les débours qu’il avait pu avancer, après avoir fait approuver son mémoire par le subdélégué de Montdidier. Les frais de Barthélémy Duflos pour sa correspondance, la confection des rôles, ses voyages à la ville montèrent à 65 livres 13 sols 3 deniers en 1787 (1).

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Nos pères semblent avoir dédaigné les bienfaits de la statistique. Il est malaisé de connaître avec une précision même relative l’importance démographique d’un village au cours des siècles. Mêmes les évolutions émanant de l’administration ne se référent le plus souvent qu’au nombre de feux ou ménages, dont l’importance était nécessairement variable, mais cette base lui suffisait, car les impôts étaient répartis entre les chefs de famille. Quand les officiers du duc de Bourgogne s’enquirent en 1469 de recenser les « villes champestres » de la Picardie en vue d’asseoir une nouvelle taxe, Rollot déclara 32 feux (130 à 160 habitants) Beauvoir-lès-Rollot 8 feux et Regibaye 7 feux ; La Villette ne figure pas sur cet état. L’intendant d’Amiens admit pour toute la paroisse 1518 habitants en 1698 et 301 feux en 1713; le dénombrement du royaume de Saugrain, 256 feux en 1709 ; le dictionnaire universel, 1227 habitants en 1726, Doisy en 1753 et Expilly en 1770, 273 feux, l’assemblée du bailliage de Montdidier en 1789, 298 feux. L’administration du district donna à la « Villette-lès-Rollot » (en réalité à la commune entière), 1188 habitants en 1792, 315 maisons et deux moulins à vents (2).

Cette population était vouée en grande partie à la culture du sol. Un certain nombre d’habitants peignaient la laine ou tissaient des étoffes de serge ; le « bureau de fabrique » de Rollot dépendait de celui de Tricot. Les femmes élevaient des nourrissons de l’hôpital général ou de bourgeois de Paris.

Les prairies artificielles du plateau et les pâtures permettaient d’entretenir une grande quantité de bestiaux, ce qui donna l’idée de fabriquer un fromage gras, dont le débit ne tarda pas à devenir considérable. Il en est pour la première fois fait mention dans un bail de Beauvoir en 1647 ; par la suite la plupart des baux ne manquèrent pas de prévoir la fourniture de quelques douzaines de ces produits renommés, même dans les villages environnants.
La douzaine valait 1 livre (environ 20 francs) en 1728, et celle de petits fromages, la moitié, en 1730.
Sur la demande de son « amé et feal » Charles d’Halluin, Henri III avait autorisé par lettre du mois de mars 1581 la création d’un marché franc le jeudi de chaque semaine et de deux foires franches, la première au jour de Saint Médard (8 juin) et la seconde la veille de Saint Crépin (24 octobre). On y vendait du blé, des bestiaux, des fruits, mais surtout des fromages ; le trafic était si important que les jardiniers de Montdidier ne dédaignaient pas de l’approvisionner.

Les familles les plus anciennes, celles qui figurent dans les registres paroissiaux de 1691, sont les suivantes : Hullien, Garde, Joret, Decampeaux, Lefèvre, Dinant, Mulot, Derumes, Galland, Pazien, Fontaine, de la Croix, Quillet, Luziet, Macon, Carrier, Jomin, Duriaux, Lienard, Fouilloy, Paillet, Ballin, Carpentier, Dinaux, Adoux, Quesnel, Gosset, Minart, Le Grand, Maillart, Cabaret, Macrin, Lannicque, Delicque, Choisy, Bocquet, Detappe, Seyant, de la Rue, Favrier, Hochedé, Duret, Walet, Sonnet.

Rollot et ses hameaux, après avoir été sans doute soumis aux coutumes du Vermandois, suivaient celles du gouvernement de Péronne, Montdidier et Roye, qui furent réformées et rédigées en 1567. Une étude de notaire royal, dépendant de la juridiction du baillage de Montdidier, apparaît en 1672. Jean Bers, maître chirurgien, habitant le village en 1698 et une sage femme, Madeleine Mariez, en 1721. Caboche, chirurgien à Rollot, fut reçu au baillage en 1774, après avoir fait preuve de ses connaissances, et Jean François Duquesnel, en 1778. L’Almanach de Picardie en 1780 nous révèle l’existence d’un arpenteur royal, François Castellot, d’un huissier à verge qui instrumentait pour le compte du Châtelet de Paris, nommé Pavin, un huissier de l’élection de Montdidier, Alexandre le Grand, deux chirurgien Desroches et Hallot.En outre, le sieur Liénard recevait chez lui des pensionnaires et des demi-pensionnaires à qui il apprenait le latin (3).

Une nouvelle industrie fit son apparitions à Rollot vers 1775, Pierre de Bourge, laboureur, faisait des fouilles dans une pâture attenant à sa maison au centre et dans la partie la plus élevée du village, quand il mit au jour, à environ six mètres de profondeur, une couche épaisse de lignite pyriteuse en tout points semblable aux « cendres noires », assez fréquentes en Soissonnais et en Laonnois, où l’agriculture en faisait grand cas. À son exemple, deux ou trois propriétaires se mirent à le convertir en « cendres rouges » par le procédé le plus simple qui consiste à les exposer, pendant environ un mois à l’air, au contact duquel la pyrite de fer s’oxyde et entre en combustion, en dégageant une forte odeur d’acide sulfureuse, ce traitement permettait de les utiliser avec grand succès pour l’amélioration des prairies artificielles. Après avoir tiré du sol la lignite, on rebouchait les excavations en ayant soin de respecter autant que possible l’ordre naturel des couches.

Dix ans plus tard, Roland de la Platière, inspecteur des manufactures de Picardie, le futur ministre girondin, vint examiner les fouilles de Rollot et frappé par la richesse des gisements en sulfate de fer, conseilla à de Bourge d’en extraire l’alumine. Ce n’était pas un technicien, capable de donner des précisions nécessaires. Après quelques essais dispendieux, son interlocuteur alla se documenter sommairement aux environs de Beauvais et, en tâtonnant, ce « chimiste de la nature » arriva à « vitrioliser » les cendres en les mouillant pour empêcher leur combustion ; il les lessivait ensuite avec des eaux mères qu’il versait dans des vases de plomb ou de bois, où l’alun se cristallisait. En quatre ou cinq ans, il fut à même de fournir aux négociants d’Amiens 15 à 20 000 livres de sulfate de fer ou vitriol à 10 centimes et plus de 2 000 livres de sulfate d’aluminium ou d’alun à 60 ou 75 centimes (4).
Cette intéressante industrie, que ses procédés primitifs empêchaient de lutter contre la concurrence, a disparue dès le début du dix-neuvième siècle.

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Le terroir de Rollot et de ses hameaux offrait à la veille de la révolution, 1815 journaux ou mines (691 hectares 78) de terre labourable « dont 50 mines à la sole, d’après le Père Daire, les 2/3 de bon rapport et le reste médiocre, parce que ces dernières sont fortes et à usage de poterie », 330 journaux (125 hectares 78) le bois et 390 journaux (148 hectares 65) de pré et pâture. La culture de la vigne était tombé en désuétude, mais il en est fait mention en 1485 et plusieurs lieux dits en conservent encore le souvenir. Les Vigne de Piennes dans la section A, le Clot Queret, le pré des Vignes et la Vigne, ce dernier canton très morcelé dans la section B.

On a vu que la seigneurie de Rollot comprenait 375 mine environ ou 145 hectares, dont quelques pièces sur les terroirs voisins, celle de Beauvoir 150 mines ou 58 hectares, celle de Regibaye, 190 mines au 92 hectares, quand aux propriétés de l’Église nous savons déjà que l’abbaye royale de Saint Corneille de Compiègne jouissait de 46 mines ou 18 hectares et le chapitre de la Madeleine de 65 mines ou 25 hectares.

En outre, les bénédictins du prieuré de Notre Dame de Montdidier, fondé par un des comtes dans son château avant 1130, unis à l’abbaye de Cluny, louèrent en 1781, pour 648 livres 10 sols, 37 mines de terre au terroir de la Madeleine. Les religieuses du tiers ordre de Saint François à Montdidier, établies en 1476, n’avaient dans les prairies de Rollot que 2 journaux et demi de pré en deux pièces, affermés 10 livres tournois en 1679, 30 livres en 1702, 33 livres 6 sols 8 deniers en 1712, 32 livres et une douzaines de fromages du crû en 1720.

La chapelle de Saint Quentin fondée en l’église Saint Antoine de Compiègne, possédait 25 mines de terre labourable en 3 pièces, dont 19 sur Rollot et le surplus sur Vaux, et 6 arpents de taillis fermés de fossé lieu-dit la Fosse à Racine, du côté de Regibaye, son dernier titulaire, Pierre Gosset, chanoine et écolâtre de la cathédrale de Soissons, les loua 348 livres en 1788.

La chapellenie de Saint Barthélemy de Baron en Valois, unie à celle de Rosières, 50 mines environ de terre en 5 pièces, des droits de cens et surcens en derniers, grains et volaille à prendre sur 87 mines, et un bois de 4 journaux à la Villette, chargés de 10 livres de rente envers le Seigneur de Beauvoir, le dernier chapelain de Rosière, Liénart de la Mairie de Piennes loua en 1789 son fief dit de Baron, à l’exception du bois, pour un revenu de 800 livres. La cure possédait 665 verges, le vicariat, 15 verges et la fabrique des deux églises de la Villette et de Rollot, 51 mines.

L’église jouissait donc de 230 mines ou 88 hectares. Il faut y ajouter 3 journaux de terre que l’hôtel Dieu de Montdidier détenait déjà en 1558, et 56 verges de pré achetées en 1734 par l’hôpital général de cette ville de Claude Dutriaux et consorts.

Le rôle d’imposition des ci-devant privilégiés en 1789 permet d’assurer par comparaison que quelques gentilshommes du voisinage et surtout des bourgeois de Montdidier, d’Amiens, de Compiègne et de Paris détenait une soixantaine de mines (environ 23 hectares). Comme on comptait 1815 mines de terre labourables en 1792 la part des divers privilégiés ne dépassant pas 800 mines, il en demeurait un millier aux paysans. Nous ignorons la répartition de cette propriété rurale avant le morcellement des biens nationaux. On comptait en l’an XI (1802-1803) 312 propriétaires résidents, les plus riches étant Pierre Debourge, marchant de moutons, parent du fabricant d’alun, avec 62 mines ou 24 hectares, et la demoiselle Le Sage, avec 60 mines, neuf de leur concitoyens possédaient de 20 à 40 mines, quatre de 15 à 20 mines, le plus pauvre devait se contenter d’une verge (6).

La petite propriété s’était constitué aux temps lointains où le seigneur, après avoir réservé pour son entretien un faire valoir plus ou moins étendu suivant la qualité du sol, avait distribué le surplus en fief à des chevaliers avec la mission de défendre la seigneurie, ou en censive à des cultivateurs, dont la situation varia avec le temps, serfs, hôtes ou hommes libres. La censive existait en échange des journées de travail ou corvées (cf. le lieudit Pré des Corvées) et de redevances en espèces, en grain au volailles, dont la principale représentant la rente du sol, était le champart. Ces obligations, sans doute assez lourdes au début, s’allégèrent peu à peu, grâce à des concessions seigneuriales plus ou moins imposées aux guerres étrangères ou civiles, aux destructions de titres qu’elles entraînaient, à l’incurie des propriétaires qui ne résidaient pas et aussi à la dévaluation du signe monétaires, celle-ci fit perdre à la livre tournois plus des 9/10 de sa valeur en 6 siècles.

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Impôts

Tandis que ces fléaux semblaient se liguer en vue de ce résultat inattendu : la libération de la terre, le gouvernement centra recouvrait lentement son autorité et les besoins de son trésor croissaient avec la puissance et les services qu’il était appelé à rendre. Les impôts payés aux agents ou aux fermiers du roi étaient devenu au XVIIIe siècle, de beaucoup la charge la plus pesante aux épaules du paysan.

 
Taille

Pendant longtemps l’« aide en forme de taille » ne fut levée par le monarque qu’aux heures de détresse où les ressources de ces domaines ne lui suffisaient plus. C’est Charles VII qui la rendit annuelle, afin de permettre l’entretien d’une armée permanente, quelques années avant que le duc de Bourgogne prit la même décision dans ses états. On disait que la taille était personnelle chez nous, parce qu’elle était assise sur les facultés des imposés. Le montant total était réparti par le conseil des finances entre les généralités et, dans les limites de cette circonscription, entre les élections et les paroisses par l’intendant avec le concours des trésoriers de France, et des Élus. Des collecteurs choisis chaque année par l’assemblée des habitants, suivant l’ordre d’un tableau, avaient la lourde mission d’estimer les facultés de leurs concitoyens suivant les signes extérieurs d’aisance, car le cadastre n’existait pas, et de lever l’impôt sous leur responsabilité, ils remettaient au receveur des tailles de l’élection de Montdidier le produit de la collecte. Certains habitants étaient exemptés d’office de cette charge en raison de leurs fonctions, de leur pauvreté ou de leur âge.

Cette perception pouvait conduire le comptable novice à combler de ses deniers le déficit éventuel ou même à faire un séjour en prison, s’il était insolvable. Il n’est donc pas étonnant que les contribuables, même les plus riches, aient souvent cherché par tous les moyens à s’éviter de telles éventualités. Le dimanche 9 septembre 1787, les chefs de famille, entendant au sortir de la messe le tintement familier de la cloche ordonné par le syndic, se groupèrent en assemblée pour désigner les trois collecteurs appelés à recouvrer la taille de l’exercice à venir. Pierre de Bourge, surnommé familièrement Boubourge, joignant à sa culture l’industrie des cendres rouges et remplissant en outre les fonctions de sergent, c’est-à-dire d’huissier de la justice du marquisat de Maignelay était parvenu à faire passer son tour, l’année précédente, sans doute en excipant de ses absorbantes occupations. Pour protester contre cet égoïsme, les habitants refusèrent de désigner d’autres collecteurs et ce fut le syndic, Barthélemy Duflos, qui nomma d’office Boubourge et deux adjoints, mais il signa seul le procès verbal, avec le curé. L’acte fut enregistré au greffe de l’élection de Montdidier, par un archer de la prévôté des Monnaies d’Amiens. Le conflit paraissait inévitable. Désireux d’arrêter un procès, l’assemblée réunie de nouveau le 30 septembre, préféra choisir d’une seule voix un autre collecteur.

Il n’a été possible de retrouver le montant du principal de la taille que pour quelques années de l’ancien régime. À ce principal s’ajoutait des taxes additionnelles, notamment l’ustensile qui tenait lieu de fournitures dues à la troupe, et le fourrage, destiné spécialement à la cavalerie.

1677 2770 livres
1780 2870 livres
1781 2865 livres
1784 2810 livres
1787 2820 livres
1789 2729 livres
1790 2591 livres

Les impositions accessoires s’élevaient à 1812 livres en 1781, à 1779 livres en 1784, à 1785 livres en 1787, 1700 livres en 1789 et à 1614 livres en 1790 (7). On sait que le clergé et la noblesse ne payaient pas la taille, car le premier ordre se trouvait exempté du service militaire et le second acquittait ce que l’on appelait l’impôt du sang. Il n’en était pas de même pour la capitation créée en 1695, supprimée à la paix 3 ans plus tard et rétablie définitivement en 1701. Sa forme variait suivant les ordres. Pour la grande partie du tiers état ce n’était qu’un supplément de taille établi et perçu de la même façon.

Le produit de la capitation donna 1716 livres à Rollot en 1781, 1683 livres en 1784, 1694 livres en 1787, 1606 livres en 1789 2119 livres en 1790.

Les pères et mères de 10 enfants avaient droit à une réduction sur le montant de leurs impositions. Il en était de même en cas de calamité publique. Des incendies considérables consumèrent un grand nombre de maisons de la paroisse en 1704, en 1706, en 1743. Un nouveau sinistre ayant ravagé le village de Rollot le 9 septembre 1754, le président de l’élection de Montdidier, Antoine Lugle Luglier de Saint Euscien, nommé par l’intendant « commissaire en cette partie » se rendit sur place 20 jours plus tard, avec son greffier en chef, et descendu dans la maison de Charles de Bourges, laboureur, convoqua le syndic et les principaux habitants, auxquels il notifia le sujet de son « transport ». Le syndic, Alexandre le Grand, déclara, sur son âme et conscience, que le feu avait commencé à 9 heures du matin, dans la maison du clerc laïque ou bedeau, qui remplissait aussi les fonctions de maître d’école, sur la place ; en moins de 2 heures, les flammes poussées par un vent impétueux, avaient réduit en cendre plus de 80 maisons, « des meilleures » avec les meubles, marchandises, blés et foins qu’elles contenaient. Un charpentier de Lassigny et un maçon de Montigny, « tous deux trouvés sur les lieux » après avoir prêté serment, estimèrent les dommages immobiliers à 98 259 livres et les pertes mobilières à 112 732 livres 10 sols. La ferme du duc d’Estissac avait été notamment brûlée, ainsi que les bâtiments de l’école, qui mesurait 32 pieds et demi sur 20 (10,5 mètres par 6,5 mètres). Les gazettes annoncèrent trois nouveaux incendies à Rollot, aux mois d’août et de septembre 1766.

Chaque année, le conseil des finances fixait le montant total des remises qui pouvaient être consenties par élection, l’intendant distribuait les sommes mises à sa disposition au prorata des demandes que lui transmettaient les subdélégués.

En 1778, la part de Montdidier s’élevait à 6 287 livres 19 sols sur 30 000 livres pour toute la généralité. Germain Dutreux, incendié de Rollot obtint un dégrèvement de 50 livres 15 sols pour la 3e et dernière année qui avait suivit son sinistre. Sur les états de 1784 et 1785, nous trouvons Louis et Jean Baptiste Payen, Jean Nicolas d’Etremont, Jean Tobie Favier, Pierre Flament, la veuve de Florent Dehant, Nicolas Hermant en face des sommes variants de l livre 16 sols à 59 livres 19 sols (8).

 
Dixième et vingtième

Une nouvelle imposition qui frappait le dixième des revenus bien-fonds, industrie et charges, de tous les sujets du royaume fut perçu de 1710 à 1717, de 1733 à 1736 et de 1741 à 1749. À cette dernière date, elle fut remplacé par le vingtième qui ne disparut qu’à la révolution, tantôt unique, tantôt doublé et même triplé. C’était l’impôt établi avec le plus de soin, atteignant toutes les sources de revenus, sauf ceux du travail, et en principe toute les classes. Chaque propriétaire était tenu de faire une déclaration qui était contrôlée par un personnel spécial, dont Napoléon a copié l’organisation quand il a créé l’administration des contributions directes. Un contrôleur se rendait dans les paroisses pour estimer la valeur des terres qu’il répartissait en plusieurs classes, après avoir prévenu quinze jours à l’avance de son arrivée, assemblait les habitants et désignait plusieurs d’entre eux pour l’accompagner dans sa visite. Les rôles étaient mis en recouvrement par des receveurs élus comme les collecteurs de la taille.

L’impôt du vingtième produisit, pour les biens-fonds, 1601 livres 19 sols en 1770, 3546 livres y compris un 3e vingtième de 1782 à 1786, 2435 livres en 1788, 2434 livres 2 sols en 1789 et 2434 livres 3 sols 9 deniers l’année suivante (9).

 
La gabelle

L’impôt de la gabelle obligeait les habitants de plus de 14 ans à prendre chaque année une certaine quantité de sel à un prix déterminé.

Le conseil des finances fixait la part de chaque ressort de grenier à sel, et l’intendant de concert avec les président, grenetier, et contrôleur du grenier, la part des paroisses. La distribution entre les « feux » était assurée par un homme que désignait tour à tour l’assemblée de la communauté.

La disparition des archives du grenier à sel de Montdidier ne permet pas de connaître le nombre de « minots » que Rollot et ses hameaux étaient tenus de consommer annuellement.

 
Corvée

En dehors de ces charges le pays était soumis à la corvée royale, qui ne se généralise que vers 1730. Assez semblable à nos prestations elle n’atteignait que les habitants des campagnes dont les villages n’étaient pas éloignés de plus de 2 à 4 lieues des grandes routes qu’il était nécessaire de réparer.

Laissée pendant longtemps à la discrétion des intendants elle fut limitée en 1754 à une toise de chemin par livre payée pour la capitation ; dès lors ses propriétaires se virent astreints à faire exécuter une toise de chemin par 50 livres de revenu de leur bien.

Le syndic recevait du subdélégué de l’intendant à Montdidier avis des travaux qui étaient exigés de la paroisse ; il en surveillait l’exécution. Les ouvrages d’art étaient adjugés à un entrepreneur. La corvée en nature, supprimée par Turgot en 1775 fut rétablie après sa chute, dès l’année suivante, à titre facultatif. Un arrêt du conseil, rendu en 1786, transforma le travail manuel pendant trois ans en manière d’expérience, sous la forme d’une contribution additionnelle à la taille et à la capitation.

Depuis un demi-siècle et plus, la jeune administration des ponts et chaussées, animée par Trudaine, remettait en état les anciennes voies romaines et en créait de nouvelles.

La chaussée Brunehaut ne fut pas rendue à la vie mais le vieux chemin de Montdidier à Ressons devint une large route royale qui conduisait directement de la résidence de Compiègne à Abbeville où elle rejoignait celle de Paris à Calais, vers l’Angleterre. Au cours des années 1788 et 1789, on redressa et on élargit la section comprise entre Montdidier et Rollot; des propriétaires riverains se voyaient enlever des terrains ou en recevaient ; c’est ainsi que le duc de Villequier perdit 1 076 verges et en gagna 797.
L’administration du district distribua 2 859 livres 9 sols d’indemnité en 1791.

Plus malchanceux un habitant réclamait encore, trois ans plus tard, ce qui lui était dû pour la démolition d’un bâtiment et l’expropriation d’une parcelle de terre (10).

 
Clergé et décime

Le clergé avait toujours pu maintenir le principe que toutes ses propriétés étaient exemptes par droit divin de toute charge temporelle et que c’était par pure générosité qu’il contribuait aux dépenses publiques. Tous les cinq ans l’assemblée générale composée des représentants des diocèses, à l’exception de ceux nouvellement réunis, votait un don gratuit au roi, dont elle fixait elle même le chiffre. Quand la monarchie créa des impôts dont elle cherchait à frapper les ordres privilégiés les clercs obtinrent de se racheter de la capitation dès 1710 en versant un capital de 25 millions pour le dixième, ils parvirent à s’en faire décharger en 1721. Le don gratuit atteignait en moyenne trois millions et demi par an. Cette somme était généralement obtenue par des emprunts et, pour leur service et leur amortissement, ainsi que pour les frais des assemblées, pour les rentes de l’Hôtel de Ville dont il avait accepté le service et diverses oeuvres d’assistance, le clergé prélevait sur ses membres un impôt connu sous le nom de décime.

Chaque diocèse s’en voyait attribuer par l’assemblée une part et un bureau diocésain en répartissait le montent entre tous les possesseurs de bénéfice proportionnellement à leur moyens. Les bénéficiaires étaient tenus de faire à ce bureau la déclaration de leurs revenus et de leurs charges.

Le curé de Rollot paya 14 livres 10 sols de décimes en 1723 et 58 livres en 1788 (11).

 
Noblesse

Le second ordre était exempt de la taille qui représentait à l’origine le rachat du service militaire auquel il était tenu. Pour la capitation, les nobles figuraient sur un rôle spécial, établi par l’intendant de la généralité avec la collaboration le plus souvent nominale de l’un d’eux. On ne trouve pas trace sur les rôles du baillage de Montdidier des seigneurs de Rollot, de Beauvoir et de Regibaye qui devaient être taxés au lieu de leur résidence habituelle.

La perception des impôts du dixième et du vingtième ne faisait aucune distinction entre la noblesse et le tiers état.

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 Paroisse

L’antiquité de la Villette lui valait le privilège de posséder l’église principale de la paroisse, entourée du cimetière, bien qu’elle ne fût plus depuis longtemps qu’un modeste hameau. Cette église était placée sous le vocable de Saint Germain, évêque d’Auxerre, mort en 448, qui est honoré le 31 juillet. La fête civile est reportée au premier dimanche d’août. L’ancienne chapelle du château de Rollot, transformée en église de secours à l’usage de l’agglomération la plus importante du terroir, a pour titulaire Saint Nicolas, second patron de la paroisse, le populaire évêque de Myre, fêté le 6 décembre. L’église Saint Germain, que les bombardement de 1918 ont gravement endommagée, était un édifice en pierre du seizième siècle, très restauré en 1896. La grosse tour carré de la façade, épaulée par deux contreforts à talus sur ses angles à l’ouest et d’un seul à l’est, percée de deux ouvertures à chaque face, se complétait au nord d’une tourelle polygonale qui abritait l’escalier, à sa base un portail surmonté d’un arc en anse de panier donnait accès aux fidèles.

Cet édifice était formé d’une nef flanquée de deux collatéraux, d’un transept et d’un choeur terminé par un chevet à trois pans, les deux latéraux à peine accusés. Un immense toit recouvrait la nef et les bas côtés, sauf deux pignons situés près de la tour, descendant si bas que les fenêtres en émergeaient. Le toit du transept surpassait en hauteur celui de la nef. Une grande fenêtre du seizième siècle, dont le remplage avait été refait, éclairait le pignon du bas côté méridional et à côté s’ouvrait dans la nef un petit portail dont l’anse de panier était surmontée d’une petite console très finement sculptée. Les arcades en tiers point de la nef retombaient sur des colonnes cylindriques à chapiteaux très simples. La voûte en bois recouverte d’un enduit, laissait ses entraits et ses poinçons apparents dans la nef et se courbait en demi berceaux dans les bas côtés, sauf à la hauteur de la première travée où se voyait un plafond.

Le transept et le chœur était voûtés en pierre sur croisées d’ogives refaites en 1770 et retombant sur des culs de lampe. Le choeur et le transept avaient été décorés de lambris à la même époque. Au dessus de la chaire de chêne sculptée en 1703, « des anges aux ailes déployées formaient un élégant support » et ses quatre panneaux offraient des figures en relief.

Les fonts baptismaux en pierre, formés d’une cuve posée sur un gros pied cylindrique et entourée de huit colonnettes paraissait une oeuvre du treizième siècle. Un bénitier aussi en pierre, très simple, portait la date de 1654. On ne voyait d’autres objets anciens qu’une petite vierge de piété en bois du seizième et deux pierres tombales : celle de Jacques de Fouilloy, mort à la Villette en 1545, et une autre, fort effacée, portant les armes des Pas Feuquières (de gueules au lion d’argent). La direction des beaux arts avait fait don, au mois de juin 1876, d’une copie de la Visitation de Ghirlandajo qui se trouve au Louvre. Les deux cloches avaient été fondues en 1635 et en 1840.

La petite église Saint Nicolas, reconstruite à la fin du siècle dernier, se composait d’un chœur de la fin du douzième et d’une nef plus récente.

La cure qui porte le nom de Rollot au quatorzième et celui de la Villette-lès-Rollot aux deux derniers siècles de l’ancien régime dépendait du doyenne de Montdidier et de l’archidiaconé d’Amiens. Pendant de longs siècles, le curé desservant fut présenté à la collation de l’Évêque par l’Abbé de Saint Corneille de Compiègne.
La reine Anne d’Autriche obtint de son fils, par lettres patentes du 30 octobre 1656, que sanctionnèrent les bulles du ler mars 1657, l’extinction du titre d’Abbé et l’union de la messe abbatiale au monastère des bénédictines du Val de Grâce qu’elle avait établies à Paris, dans de magnifiques bâtiments occupés aujourd’hui par l’hôpital militaire, et ce fut pendant plus d’un siècle, son abbesse qui jouit du pouvoir de désigner le curé de la Villette (12).

 
Dîmes

D’origine biblique les dîmes étaient la principale ressource du clergé paroissial. Elles frappaient les produits du sol sans atteindre le plus souvent la proportion d’un dixième d’où provenait son nom ; le taux de perception variant du reste d’une localité à l’autre. On distinguait les grosses dîmes qui frappaient les céréales et le vin, des menues dîmes qui atteignaient le sarrasin, les pois, le chanvre, le lin, les fruits verts, les légumes ; les novales étaient levées sur les terres mises nouvellement en culture. Le décimateur était tenu de réparer le choeur de l’église et son cancel, partie comprise entre le maître autel et la table de communion ce qui explique les différences de style et de dimension que l’on remarque souvent entre les parties d’un même édifice comme c’était le cas à le Villette et à Rollot ; l’entretien de la nef incombait aux paroissiens et aux propriétaires forains. Le décimateur devait aussi fournir tous les ornements et objets nécessaires au culte et assurer au curé desservant, sous le nom de portion congrue, un traitement suffisant. Le pouvoir royal se préoccupa à différentes reprises d’en fixer le minimum, suivant le coût de la vie : 120 livres en 1571, 300 livres en 1629, 500 livres en 1768 - 700 livres en 1786 (13).

Il est probable que les dîmes grosses et menues de Rollot étaient comprises au nombre des fruits de l’autel de Pronastre qui furent restitués au monastère de Saint Corneille en 1114. Un acte de 1213 fait mention des terres sur lesquelles les moines percevaient dîme et terrage (voir Chapitre II) ceux-ci ayant recueilli des droits dans leur mense conventuelle, lors du partage avec l’abbé commendataire prirent l’habitude de les louer en même temps que la cense au cours des deux derniers siècles. À la suite de diverses contestations ils firent dresser en 1789 le plan de la partie du territoire, 1 400 mines sur 3 100 où ils avaient droit de dîmer. D’autres établissements religieux s’étaient vu attribuer de petits cantons de dîmage.

L’évêque d’Amiens Geoffroy d’Eu certifia, au mois d’avril 1229, qu’Anselme curé de Damery avait donné au chapitre de Fouilloy, tout auprès de Corbie, le tiers de la dîme de Guizaucourt et celle dite de Rollot (decin am que dicitur de Roeloth) le chapelain de St Nicolas jouit longtemps du quart des grosses dîmes, mais il renonça à sa prébende à la fin du XVIIe siècle. À la veille de la révolution les religieuses bénédictines de Royallieu, près de Compiègne dîmaient sur 9 000 verges, celles du Val de grâce sur 3 780 verges, les bénédictines de Montdidier sur 15 830, le curé de Vaux sur 1 800 verges, les chanoines de la Madeleine sur 721 verges proches du bois de Rollot dans la proportion de 4 verges sur 100 (14).

Le revenu de la cure estimé 28 livres (10 000 francs environ de notre monnaie) en 1301, 25 livres (6 000 francs) en 1372, se composait de quatre muids de blé et deux d’avoine avec 60 écus et quelques terres vers 1690.

Le curé Louis Billecoq déclara en 1728 à la chambre du clergé qu’il recevait de l’abbaye de Saint Corneille, décimateur, quarante-huit sétiers de blé, mesure de Montdidier, évalués à 134 livres 8 sols, vingt-quatre d’avoine, estimés 52 livres 16 sols, et 180 livres en argent à titre de supplément. Ses 8 mines 35 verges de terre et ses 5 mines et demie de pré chargées de fondations avaient trouvé preneur à 138 livres. La fabrique lui remettait 42 livres 10 sols pour acquitter les charges spirituelles qui lui incombaient et le casuel pouvait monter à 100 livres, soit au total : 647 livres 14 sols. Les frais de gestion se montant à 137 livres 15 sols (à la fabrique 13 livres, au clerc 27 livres 5 sols cens et entretien du presbytère 10 livres, au vicaire 75 livres, à l’archidiacre 2 livres 10 sols, il lui restait pour vivre 509 livres 19 sols ou 10 000 francs environ. Le bien de la cure fut loué 209 livres en 1786 et le revenu total montait alors, estimait on, à 750 livres, soit environ 15 000 de nos francs.

Le curé jouissait en outre d’un presbytère qui était mis à se disposition, avec un jardin de 35 verges ; il était tenu de l’entretenir des menues réparations ; les gros travaux se faisaient, comme pour la nef des églises, au compte des paroissiens et de tous les propriétaires de biens-fonds, au prorata de leur taille ou de leurs revenus fonciers.

Le nombre des « communiants » s’élevait à 600 vers 1690. Un vicaire aidait le curé à desservir les deux églises ; c’était souvent un chanoine de la Madeleine. En tout cas, il avait droit à la jouissance d’une maison vicariale et de ses 15 verges de jardin Saint Corneille de Compiègne lui faisait une pension de 150 livres, auxquelles le curé ajoutait 75 livres et la fabrique, 100 livres. Ce maigre salaire n’était même pas régulièrement payé. « Je manque de pain », écrivait en 1762 le vicaire au prieur de L’abbaye en réclamant le « quartier » qui lui était dû, « et je me trouve fort embarrassé ... Je tâche de gagner mon pain et je vous prie de ne pas me le refuser... Le marchand de Rollot, qui a l’honneur de vous présenter ma lettre, a bien voulu me prêter 12 livres »

Les deux églises avait chacune une fabrique, mais nous ne connaissons que le total de leurs dotations : 3 060 verges de terre labourable et 1 530 verges de pré, louées en dernier lieu 806 livres 10 sols, elles percevaient en outre 22 livres 10 sols de rentes le patrimoine avait été lentement constitué au cours des siècles par la piété des défunts, désireux de s’assurer des prières. Sa gestion appartenait à l’assemblée des habitants et au curé conjointement ; les locations se faisaient en leur présence par adjudication ; le marguillier qu’ils nommaient passait ensuite les baux devant notaire percevait les recettes, payait les dépenses et rendait des comptes à ses électeurs en fin d’exercice. En 1788, 108 livres étaient remises au curé pour acquitter les fondations, et 100 livres au vicaire. L’entretien des églises, les gages des clercs laïques, des sonneurs, etc. demandaient 114 livres 9 sols.

A la fin du siècle précédent (vers 1690), on n’attribuait aux deux fabriques que 200 livres de revenu, outre 4 écus provenant des quêtes.

 
Chapellenie de Saint Nicolas

Il avait existé dans l’église de secours une chapellenie sous le titre de Saint Nicolas ; le patronage en appartenait au seigneur de Piennes, qui nommait le titulaire. Le dernier d’entre eux Lempereur, chanoine d’Amiens, abandonna, avant 1690, probablement pour venir au secours du clergé paroissial « son revenu qui était le quart des grosses dîmes ».

De bonne heure sans doute les bénédictins de Saint Corneille se préoccupèrent, conformément aux décisions des conciles, d’assurer aux enfants de Rollot les bienfaits de l’instruction. On sait que le maître d’école, nommé par l’assemblée des habitants et le curé, remplissait aussi, sous le nom de clerc laïque, les fonctions de bedeau à l’église. Il semble qu’il ait existé, tout au moins pendant quelque temps, à la fin du XVIIe siècle, deux clercs, l’un à Rollot et l’autre à la Villette. L’archidiacre d’Amiens constata, lors de sa visite canonique de 1733, une « bonne instruction à Rollot ». La classe se tenait dans une école au centre de la localité, ce qui était rare dans les paroisses rurales, où les élèves se réunissaient le plus souvent dans la maison du magister; elle fut incendiée on l’a vu en 1754. Le traitement du maître se composait d’une redevance, le plus souvent en grains, assurée par les habitants, d’une mensualité due par les parents des écoliers, dont le taux variait suivant qu’ils apprenaient à lire à écrire ou à compter, d’une petite, part des fondations et du salaire de bedeau que payait la fabrique (15).

Regibaye parait avoir été longtemps un foyer protestant, qu’entretenait la présence de seigneurs de cette religion. Le domaine fut même confisqué sur l’un deux au temps des troubles. Des assemblées religieuses y sont encore signalées vers 1612 (16).

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Municipalité

Jugeant nécessaire de donner satisfaction au besoin de réformes qui agitaient l’opinion publique, le gouvernement de Louis XVI se décida en 1787, à étendre à toutes les généralités le régime représentatif qu’il avait expérimenté depuis près de 10 ans avec succès en Berry et en Haute Guyenne. Il avait créé auprès de chaque intendant une assemblée provinciale, composé de membres de trois ordres, sa mission primordiale était de répartir les impôts entre les élections, mais elle s’occupait aussi des travaux publics, d’agriculture et d’assistance, pendant l’intervalle de ses sessions, elle déléguait ses pouvoirs à une commission intermédiaire et ses décisions étaient exécutées, non par un fonctionnaire, mais par deux procureurs syndic choisis par elle. Dans chacune des subdivisions de la généralité, une assemblée dite d’élection, constituée sur le même modèle, fixait la part d’impôts des paroisses, où il était formé des municipalités pour les répartir entre les habitants.

Le duc de Villequier, seigneur de la Villette et de Beauvoir, était un des 3 gentilshommes que Louis XVI avait nommé pour prendre part à la première séance de l’assemblée de Picardie, tenue le 14 août 1787 à Amiens ; le duc d’Havré de Croy occupait le fauteuil de président. Après s’être adjoint des collègues par cooptation, les membres des trois ordres s’occupèrent d’organiser les élections ou départements.

Un représentant du clergé, un de la noblesse et 4 du tiers état, désignés par l’assemblée provinciale, se réunirent à leur tour, le premier septembre, dans la salle de l’hôtel de ville de Montdidier, sous la présidence du duc de Mailly, dont le roi s’était réservé le choix, et élurent 8 autres membres pour former avec eux l’assemblée du département ; ils constituèrent ensuite un bureau intermédiaire et choisirent deux procureurs syndics sur l’invitation qui leur en avait été faite, ceux-ci proposèrent à la séance du 22 octobre un état de répartition des paroisses de l’élection en cinq arrondissements dont les chefs-lieux étaient fixés à Montdidier, Roye, Breteuil, Moreuil et Saint-Just, Rollot et ses hameaux faisait partie du premier. Cette division était destinée à faciliter le travail de l’assemblée, et celle-ci s’empressa de l’adopter : chacune des 5 commissions entre lesquelles ses membres furent répartis, avait la mission d’instruire les affaires intéressant l’arrondissement qui lui était désigné. Les hommes âgés de plus de 25 ans ne manquèrent pas d’élire une municipalité, composée d’un syndic qui remplissait les fonctions de nos maires, Firmin Galland, et de trois officiers municipaux en raison du nombre de  «feux », Pierre Leconte, Pierre de Bourge et Fontaine, l’huissier Alexandre le Grand accepta de tenir la greffe. Réunie au seigneur et au curé, l’assemblée se trouvait représenter les trois ordres de la nation. Lorsqu’il y avait plusieurs seigneurs hauts justiciers, c’était le cas à Rollot, ils siégeaient alternativement, un année ou plus chacun. Quand ils étaient présents, comme Palisot de Warlusel, ils avaient le droit de présider l’assemblée en mettant le curé à leur gauche et le syndic à leur droite ; mais leur représentant ne pouvait se placer qu’à la droite du syndic président.

Ces municipalités s’occupaient d’établir les rôles des impôts, d’en désigner les collecteurs, de faire réparer les presbytères et les nefs des églises, et de toutes autres questions d’intérêt public. Le seul document qui nous soit conservé permet de surprendre la municipalité de Rollot en train de dresser un état des biens de mainmorte à la date du 13 avril 1788 (17).

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