Rollot et ses hameaux
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Comme on l’a vu, Robert de la Tournelle fonda en 1206 trois chapellenies dans la petite église que son aïeul avait élevée, cinquante ans plus tôt en l’honneur de Sainte Marie Madeleine, à l’angle de la chaussée Brunehaut et du chemin de Ressons, les dotant de 5 muids de froment, estimés 20 sols, de six muids de vin, mesure de Coudun, estimés 10 sols, d’une dîme à Conchy-les-Pots, de 5 sols de rente pour le luminaire du jour de la décollation de Saint Jean Baptiste (24 juin), du reste des chandelles de son hôtel partout où il habitait, de 16 mines de terres autour de l’église, en dehors de 5 sols 6 deniers et de quatre chapons et demi de rente que son père avait laissés pour qu’il fut dit des prières à son intention ; l’évêque d’Amiens Richard de Gerberoy y donna son approbation au mois de mai de cette année. Jean de la Tournelle amortit de toutes charges, en 1301, 30 journaux de terre qui aient été donnés pour la création d’une 4e prébende par Clément Kaisnes de Méry, écuyer, et Robert IV porta par ses libéralités le nombre des chapellenies à cinq en 1306, l’accord de l’ordinaire est du 8 juin. L’année suivante, il remit avec sa mère, Jeanne de Champieng, 30 sols parisis au chanoine pour les arrérages d’un legs de Robert III et d’Hélisende de Maignelay.
Les titulaires de ces prébendes étaient nommés par l’évêque d’Amiens sur la présentation du seigneur de Rollot; on possède deux suppliques adressées au prélat par Jean de la Tournelle en 1299 et par Huges de Montmorency en juillet 1387, pour le prier d’agréer Jean Hangard et Jean le Jeune, ce dernier sur la résignation de Nicolas Ravine (1).
Le pouillé du diocèse en 1301 évalue chacune des quatre chapellenies de 11 à 15 livres (4 à 5 000 francs) de revenu, et le compte de 1372 à moins de 40 livres en tout (11 000 francs environ)
En dernier lieu, il y avait toujours cinq chanoines, mais la modicité des revenus ne permettait qu’à trois d’entre eux de résider. On conférait les prébendes à des clercs en état de devenir prêtre dans l’année ; s’ils passaient ce terme sans y être parvenus, pour une raison ou une autre, le chapitre de Péronne, qui avait été substitué au seigneur, si l’on en croit le Père Daire, présentait d’autre sujets. L’autorité épiscopale promulgua divers règlements à l’usage de la petite collégiale de Rollot, le 18 novembre l677, en 1692, en 1696, pour clore diverses contestations. Le second de ces règlements, qui a été imprimé, nous est parvenu : tous les actes de délibérations capitulaires devaient être intitulés : Les chanoines et chapelains de ladite église, sans qu’aucun d’eux put prendre la qualité de doyen ; le plus ancien n’était que primus inter pares. Logés dans des maisons autour de la chapelle, chaque jour ils étaient tenus d’assister à la grand’messe, aux vêpres le dimanche, aux première et deuxième vêpres les jours de fêtes, de même qu’à 30 matines et 36 obits dans le courant de l’année. Le produit de la prébende, environ vingt cinq muids de blé et 200 livres en argent au siècle suivant, n’était distribué qu’à ceux qui pouvaient justifier de leur assiduité. Une transaction passé entre le chapitre et le seigneur, le 12 août 1737, au sujet des droits de cens et seigneuriaudes titres de fondation, etc., ne nous est connue que par un inventaire (2).
Un blason avait été concédé en 1703 au chapitre de Rollot, portant : De sinople à une feuille de houx d’argent (3).
Des libéralités accrurent quelque peu l’importance du patrimoine capitulaire au cours des siècles. La disparition presque complète du chartrier de la collégiale ne permet pas de retrouver ces fondations. On ne connaît que le testament d’un chanoine, Gilles Trespaigne, fils d’un ancien officier, né à Bray-sur-Somme le 11 mars 1666 et mort le 9 novembre 1742, après voir occupé sa stalle pendant 57 ans, il demanda à être inhumé dans le cimetière autour de la chapelle, proche de la petite porte en entrant à gauche, « c’est-à-dire, ajoutait-il, où l’on jette ordinairement les balayures de l’église », et sa modestie voulant encore que son service et son bout de l’an fussent fait « de la manière la plus simple et comme pour le dernier des pauvres », il laissait pour son obit une rente foncière de 6 livres 5 sols, son testament est scellé d’un cachet armorié (d’azur au chevron d’argent, accompagné de trois flèches (?) et en pointe des lettres T.P). On conserve du chanoine Trespaigne quelques vers et de nombreuses lettres (4).
Le chapitre fit en 1730 la déclaration de ses biens en vue de la répartition des décimes, distinguant ceux qui étaient affermés et ceux qui ne l’étaient pas :
Non affermés :
Affermés :
Le revenu total des bien-fonds montait à 1250 livres 2 sols en 1730, dont il fallait déduire 150 livres pour les charges, entretien de l’église, des maisons canoniales et des ornements, frais d’administration et de procès, soit net 1100 livres 2 sols (environ 22 000 de nos francs). Une partie de ce patrimoine avait été aumônée à la charge des fondations, trente trois obits et quatre messes par an.
La déclaration de 1790 ajoute à cette énumération 6 livres 5 sols de rente à prendre sur plusieurs particuliers de Ressons, 200 livres à percevoir des aides et gabelles à Paris et une terrière de 11 verges sur la chaussée Brunehaut, plantée en bois. Le chiffre des revenus admis par les administrateurs du district s’éleva à 3 225 livres 11 sols 6 deniers, charges déduites.
Cette dernière déclaration avait été prescrite par la constitution civile du clergé qui supprimait les chapitres et confisquait leurs biens au profit de la nation. De la chapelle de la Madeleine, vendue par adjudication en 1791 à un cabaretier, avec les maisons canoniales et le cimetière, puis partiellement démolie, les gros murs de la nef ont servi à élever une maison particulière (5).
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