Rollot et ses hameaux
- Regibaye et les petits fiefs -
Chapitre 4
Maxime de Sars

 

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Regibaye

Regibaye, autrefois Regibay, est un petit hameau au nord de Rollot, son nom peut venir de Regis ballium, la forteresse du roi, le bail ou baile était, tout au début de l’ère féodale, une enceinte retranchée, formée de pieux et de palissade; par extension ce terme désigna une clôture en général, une galerie ou allée couverte, une lice où se donnaient les tournois.

Le dictionnaire historique et archéologique de la Picardie cite en 1213 Gerin de Regibaye. La seigneurie, qui relevait, à l’instar de Rollot, du fief de la Tournelle, dite ensuite des Grandes Tournelles de Montdidier, appartenait en 1474 à Jean Cailleu.

La bailliage de cette ville fit procéder, le 4 décembre 1568 à la saisie de la terre de Regibaye, appartenant à un gentilhomme huguenot, Aubert Leclerc, écuyer, en exécution de l’édit du 28 septembre qui interdisait le culte réformé, confisquait les biens des récalcitrants et les excluait de toute fonction publique. Dans un acte de baptême de la paroisse de Saint Géry à Arras en 1680, on trouve le nom de messire François de Sales Vollant, chevalier seigneur de Léglantier, Regibaye (Argibay) appartenant à une noble famille artésienne qui se disait venue d’Écosse. Il avait épousé en 1669, étant capitaine au régiment de Bretagne, âgé de 30 ans, Marie Josephe Palisot, née le 24 janvier 1652, fille de Blaise Palisot écuyer, seigneur de Beauvois, natif de Paris, maître hôtel ordinaire du roi, contrôleur des guerres, chevalier d’honneur du Conseil provincial d’Artois, et de Louise Catherine Walart, dame d’Incourt Bourgeois d’Arras en 1671, il hérita en 1685 de cette charge de chevalier d’honneur et mourut le 11 avril 1709, laissant au moins deux enfants, François Joseph et Marie Louise, son corps fut inhumé à Lenglantier, près de Compiègne.

Paul Laurent Vollant chevalier de Lenglantier, seigneur de Regibaye, demeurant à Paris, sans doute un de ses fils, servait en qualité de capitaine au régiment du Colonel général, des dragons, quand il signa dans cette ville, le 25 août 1728, son contrat de mariage avec Françoise Andrée Sylvaine Raymond, veuve de Louis de Hautefoye, chevalier, seigneur du Patel. Le contrat ne prévoyait pas le régime de la communauté ; le futur laissait à sa veuve en cas de survit, l’usufruit de ses biens, et celle-ci s’engageait à le faire jouir d’une part d’enfant « moins prenant » dans sa succession.

L’union fut sans doute stérile. François Joseph Vollant, capitaine de dragons au même corps, est dit en 1752 seigneur de Lenglantier, Vienne, Regibaye, sans enfants lui aussi, de son mariage avec Anne Madeleine le Hault, il eut pour héritière sa sœur, Marie Louise Vollant de Lesglantier, née le 6 mars 1690, mariée en 1711 à son cousin, Ambroise Alexandre Palisot, chevalier, seigneur d’Incourt, Warluzel, etc. premier président au conseil d’Artois en 1718, décédée en 1746 ; elle eut onze enfants, entre autre Louis François, chevalier, seigneur de Warluzel, Aix en Gohelle, Division, troisième premier président de son nom, mort prématurément en 1752, époux d’Anne Pierre de Blondel, qui se remaria à Charles Joseph François Valentin Boudart, chevalier, seigneur de Mingoival et mourut en 1792. La veuve d’Ambroise Alexandre décéda à Arras le 10 mars 1768, dame de Lenglantier, Vienne, Regibaye, laissa pour héritier son petit fils Aubert François, fils unique de Louis François. Un ex-libris d’un de ses fils lui donne les armes de Palisot (d’azur au chevron d’or accompagné en chef de deux fleurs de pensée tigées et feuillées du même, et en pointe d’un lys de jardin tigé et feuille d’argent) et des Vollant (d’argent à la fasce d’azur, chargée de trois croix pattée d’or et accompagnée de trois merlettes de sable).

Albert François Palisot, chevalier, seigneur de Warluzel, Divron, Maingoval, né à Arras le 10 juin 1750, servit en qualité de lieutenant au régiment de Navarre et quitta le service militaire pour se fixer à Regibaye. On voit qu’il y fut parrain en 1782 de la fille d’un charpentier. L’année suivante, il donna à un ancien domestique une maison à Rollot. Il eut deux fils d’une alliance qui n’est pas connue, Louis Auguste Palisot de Warluzel, sous-intendant à Montpellier en 1870, devait être don petit fils (1). Il existait à Regibaye un château, modeste centre d’exploitation rurale que l’on voit sur le plan des dîmes de Saint Corneille. Le domaine comprenait 190 mines ou 73 hectares en l’an XI(1802-1803). De la seigneurie relevait le fief du petit Regibaye, consistant en 15 journaux de terre à Mezieres en Santerre. (2)

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Fief de Carouge

Le fief de Carouge relevait aussi des Grandes Tournelles. Louis Dauzy, sieur de Carouge, demeurait à Halluin (Maygnelay), se trouvant à Montdidier, en l’hôtellerie du Barillet d’Or, le 3 mars 1684, avec demoiselle Marguerite de Bourge, sa femme, vendit à Antoine Tellier, marchand en cette ville, tous ses droits de censive sur 9 mines de terre à Rollot. Dix jours plus tard, il reconnut que les 150 livres versées par Eugène Lefeuvre, sieur de Champeau, capitaine du château de Piennes, provenaient de Mademoiselle de Piennes propriétaire des 9 mines, pour le compte de laquelle la cession avait été faite.

Les familles Danguy et Scorion de la Houssay se partageaient ce fief en 1756 ; la seconde se défit de sa part au profit du duc de Liancourt vers la fin du siècle. (3)

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Fiefs divers

Pierre Daumery, prêtre, curé d’Espailles et chanoine de la Madeleine de Rollot, reconnut, le 15 juillet 1367, qu’il tenait d’Hugues de Montmorency, un fief à Rollot, mouvant de la Tournelle.
A la date du 7 août 1449, Jean de Roye confirma le bail et transfert que sa mère, Catherine de Montmorency, avait fait à Jean de Boubers, dit Fierbourg, et à Marie de Boufflers, sa femme, d’un fief et mairie séant à Rollot, tenu aussi de la Tournelle.
Un fief de la Mairie relevait de la seigneurie de la Houssoy à Remaugies et en arrière fief de la salle de Montdidier, d’après Witasse, qui l’identifie avec le fief Marié tandis que, d’après le dictionnaire historique, il aurait relevé de Bains ou de Boulogne-la-Grasse ; les terres et vignes dont il se composait, appartenaient en 1399 à Guillaume de Maignelay (Magneliers). Le dictionnaire donne au fief Marié une contenance de 24 Mines (4). Le fief du Piège, cens et pâture, appartenait au chapitre du lieu. Enfin le fief dit de Baron était devenu la propriété du chapelain de Saint Barthélémy de ce lieu.

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