Monographie de Rollot
Société des antiquaires de Picardie

Rollot

Roolots, 1206 ; Roolai et Regialega,1218 ; Rohelot, 1229 ; Roelot, 1301 ; Roullot, 1556.

Organisation ecclésiastique

Suivant certains auteurs, secours de La Villette et, suivant d'autres, paroisse du doyenné de Montdidier, archidiaconé et diocèse d'Amiens. Vocable, Saint-Germain. Présentateurs : l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, puis, en 1656, l'abbaye du Val-de-Grâce, à Paris, après l'union de la première à la seconde. Décimateurs : les mêmes abbayes successivement. Revenu net de la cure, 509 l. 19 s. en 1728.

Le chapitre de Sainte-Madeleine doit son origine à la famille de la Tournelle : Pierre de la Tournelle fit bâtir l'église vers 1150 ; son petit-fils, Robert, fonda trois prébendes en 1206 ; l'évêque d'Amiens, Richard, confirma la fondation la même année. Jean de la Tournelle ajouta deux autres prébendes, qui furent confirmées, en 1306, par l'évêque d'Amiens, Guillaume de Macon. Il y avait ainsi cinq prébendes. Présentateur : le seigneur du lieu, ou, suivant le P. Daire, le chapitre de Péronne. Revenu net, 1100 l. 2 s. en 1730. Les armoiries du chapitre étaient de sinople à une feuille de houx d'argent.

Organisation civile

Prévôté, bailliage, élection et grenier à sel de Montdidier, intendance de Picardie. La prévôté de Montdidier fut supprimée en 1749 et réunie au bailliage. Population : 40 feux en 1496, 1518 habitants en 1698, sans doute avec ses annexes, 727 en 1724, 746 en 1726, 893 en 1770.

Histoire

Au début du XVe siècle, le duc de Bourgogne était maître de Montdidier et Rollot subit pendant cinquante ans les inconvénients des pays frontières. En 1437, le château fut pris par les gens du roi et presque immédiatement repris par le comte d'Etampes, qui fit pendre la garnison. Au siècle suivant furent accordées un marché et deux foires annuelles. En 1704, en 1706, en 1743 et en 1766, des incendies considérables détruisirent un grand nombre de maisons.

Rollot est la patrie de Galland, orientaliste, traducteur des Mille et une nuits (1646-1715).

On y fabriquait des serges et des fromages renommés déjà au XVIIIe siècle.

Seigneurerie

Elle était tenue de la Salle du roi, à Montdidier, et paraît avoir été membre de la seigneurie de la Tournelle, au moins avant le XVIe siècle ; puis elle fit partie de la seigneurie de Maignelay, du marquisat et ensuite du duché d'Halluin, et enfin de la seigneurie de Maignelay, lorsque le duché cessa d'exister et que Maignelay reprit son nom.

Les premiers seigneurs connus étaient de la famille de la Tournelle : Pierre de la Tournelle vivait au XIIe siècle ; en 1235, Jeanne de la Tournelle, dernière héritière de cette famille, épousa Jean de Montmorency, et la seigneurie resta dans cette famille jusqu'à Catherine de Montmorency, qui épousa, vers 1414, Mathieu de Roye ; la famille de ce dernier la conserva un siècle. Dès 1519, Rollot était membre de la seigneurie de Maignelay, qui fut érigée en 1565 en marquisat, sous le nom d'Halluin, puis en 1587 en duché d'Halluin, en faveur de Charles d'Halluin ; Rollot, étant compris clans le même marquisat et dans le même duché, a dû avoir les mêmes seigneurs et en effet, en 1573, le même Charles d'Halluin était seigneur de Rollot ; la seigneurie a dû passer, comme celle de Maignelay, après la mort sans postérité mâle de Florimond d'Halluin, à sa fille Anne, qui épousa le maréchal Charles de Schomberg, en 1620. Celui-ci mourut en 1656 sans enfants et Rollot, comme ses autres biens, échut à la comtesse de Clermont, cousine de la dernière duchesse. Le marquis de Longueval, héritier de la famille de Clermont, entra en possession en 1737 et céda ses droits, en 1743, à Armand-François de La Rochefoucauld, duc d'Estissac, qui fut le dernier seigneur de Rollot et de Maignelay.

Fief

Le fief Marié consistait en 24 mines de terres et le fief du Piège en 8 mines ; on trouve aussi les fiefs de Baillon, de Beaussart et de Gadonville. Le fief de la Mairie, tenu de Bains ou de Boulogne-la-Grasse, contenant 2 mines et demie de terres ; 1 mine de vignes, etc., appartenait à Willaume de Magneliers en 1399.

Archéologie

On a trouvé à Rollot, au bois des sapins et près de la chaussée Brunehaut, un grand nombre de silex taillés ou polis, de monnaies romaines, de poteries rouges ou noires et un cimetière gallo-romain. En 1895, on a découvert un trésor contenant un gobelet avec cinq cuillers en argent et un millier de pièces de billon de Septime Sévère, jusqu'à Posthume, des IIe et IIIe siècles, et en 1899 une pierre tombale, dont l'inscription est effacée, mais dont l'écu pourrait indiquer qu'elle a dût appartenir à la famille de la Tournelle.

L'église et le château sont modernes. De l'ancien château il ne reste que des traces de la motte et des fossés.

La chapelle de la Madeleine, vendue à la Révolution, a été démolie en grande partie ; l'acquéreur a converti le surplus en habitation et il reste les gros murs de la nef.

Lieux-dits

Le Mouras, les Garaiches, le Buhotier, le chêne fée, le Pronac, la Folie, le Pré de la Grigoule, les Herlies, le Moulin des vignes, la Forêt, le Bois de sapins.

Sources et bibliographie

Archives de la Somme, 1 B 7, f° 73 ; G 650, f° 117. - Bibliothèque communale d'Amiens, Pouillé de l'archidiaconé d'Amiens, XVIIIe siècle, Mss. 513, f° 252. - Bibliothèque communale de Montdidier; Mss. Scellier. - Bibliothèque de la Soc. des Antiq. de Pic., État des fiefs de Pic., XVIIe siècle, Mss. T. I, 9, f° 114 v°; Pouillé du diocèse d'Amiens, XVIIIe siècle, Mss. T. I, 11, f° 19.
V. de Beauvillé, Histoire de Montdidier, I, 140, 496 ; III, 145, 303, 314. - Cartulaire de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, publié par Morel, dans les Mém. de la Soc. historique de Compiègne, I, 298, 421, 422 ; II, 87. -  F. Collombier, Découvertes de monnaies, etc., dans le Bulletin de la Soc. des Antiq. de Pic., XIX, 683 ; XX, 58, 345. - Daire, Histoire de la ville et du doyenné de Montdidier, 53, 128, 178 à 180. - I. Darsy, Les bénéfices de l'église d'Amiens en 1730, dans les Mém. de la Soc. des Antiq. de Pic., in-4°, VII, 342, 360, 364 ; 309, 387. - Gallia christiana, X, 1180 D. - Godard, Description du canton de Montdidier, à la bibliothèque de la Soc, des Antiq. de Pic., Mss. T. III, 37 ; Notice sur Rollot, ibidem, T. III, 37 ; - L. Meusnier, Montdidier et son histoire, 100, - J. Mollet, Géographie historique ..,.. de l'arrondissement de Montdidier, 115 à 117. - G. de Witasse, Géographie historique du département de la. Somme, dans les Mém. de la Soc. d'émulation d'Abbeville.

1er hameau : Beauvoir

Beauvoier, 1230 ; Beauvoir-lès-Villette, 1567, Beauvoir avait 8 feux en 1496.

C'était un fief noble, possédé au XVe siècle par Jean Tourmentin, écuyer ; sa fille, Marie, dame de Deffoy, Beauvoir-lès-Rollot, etc., épousa en 1422, Nicolas de Brouilly, écuyer, seigneur de Mesvillers ; la seigneurie resta dans cette famille jusqu'au mariage d'Olympe de Brouilly, en 1690, avec Louis de Villequier, duc d'Aumont, dont la famille la conserva jusqu'à la Révolution.

Bibliographie

V. de Beauvillé, Histoire de Montdidier, III, 145. - Godard, Description du canton de Montdidier, à la bibliothèque de la Soc, des Antiq. de Pic., Mss. T. III, 37 ; Notice sur Rollot, ibidem, T. III, 31.

2e hameau : La Villette

Villa regia, 877 ; Villula, Vallis real, 1196 ; LeVilete, 1240.

Organisation ecclésiastique

Vers 877, ce domaine, villa regia, fut donné par Charles le Chauve à l'église de Notre-Dame de Compiègne, qui devint l'abbaye de Saint-Corneille ; les moines y bâtirent une chapelle ; telle fut l'origine de la paroisse de la Villette. Les religieux se considérèrent alors comme curés primitifs et jouirent de tous les droits attachés à ce titre. Pendant les guerres du Moyen-Âge, les habitants se réfugièrent prés du château et créèrent un nouveau centre qui devint Rollot.

Au début, La Villette était la paroisse de Rollot et était du doyenné de Montdidier, de l'archidiaconé et du diocèse d'Amiens, Vocable, Saint-Germain. Présentatrices : l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, puis celle du Val-de-Grâce, à Paris, en 1656, après l'union de la première à la seconde. Décimateurs : les mêmes abbayes successivement ; en 1115, Adèle de Vermandois confirmait l'abandon des dîmes de La Villette par Hélinand de Montdidier à l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne. Revenu net de la cure, 509 l. 19 s. en 1728.

Organisation civile

Prévôté, bailliage, élection et grenier à sel de Montdidier, intendance de Picardie. La prévôté de Montdidier fut supprimée en 1749 et réunie au bailliage.

Seigneurie

Elle relevait de la Salle du roi, à Montdidier. Suivant une opinion, elle était membre de la seigneurie des Grandes Tournelles, à Montdidier ; mais la donation de Charles le Chauve, en 877, paraît avoir été complète ; il ne pouvait guère d'ailleurs disposer d'une partie du fief des Grandes Tournelles, qui ne lui appartenait pas. Il faut plutôt. admettre que l'abbaye de Saint-Corneille avait reçu la seigneurie ; elle la posséda du reste pendant de longs siècles et très probablement elle passa à l'abbaye du Val-de-Grâce en 1656, lors de l'union des biens de la première abbaye à la seconde.

Fiefs

Le fief de Carouge relevait des Grandes Tournelles et appartenait en 1756 par moitié, aux familles Danguy et Scorion de La Houssoye ; cette dernière vendit sa part au duc de Larochefoucauld, la lin du XVIIIe siècle.

Robert de la Tournelle était en 1201 l'avoué de l'abbaye de Saint-Corneille pour La Villette ; c'est sans doute ce qui a pu faire croire que La Villette était membre des Grandes Tournelles, Robert de la Tournelle étant de la famille des possesseurs de cette dernière seigneurie. La justice se rendait en commun.

Archéologie

L'église, en pierres, du XVIe siècle, a été très restaurée en 1896. La façade est occupée par une grosse tour carrée, coupée de deux larmiers, contrebutée de deux contreforts à talus à chaque angle de l'ouest et d'un seul à chaque angle de l'est, percée à l'étage supérieur de deux ouïes à chaque face et ornée d'une tourelle polygonale d'escalier au nord ; le portail, qui est au pied de la tour, est en anse de panier.

Les façades latérales présentent d'abord un pignon près de la tour, puis un toit, qui descend très bas, recouvrant d'un seul jet la nef et les bas-côtés, et d'où émergent les fenêtres. La face occidentale du transept surpasse de beaucoup le toit de la nef et se termine en pignon. Le pignon du croisillon sud a une corniche à modillons et une grande fenêtre du XVIe siècle, avec meneau et remplage refaits récemment ; les deux fenêtres des extrémités du transept ont des moulures prismatiques. Le chœur se termine par un chevet à trois pans, dont les deux latéraux sont à peine inclinés ; la fenêtre du fond a ses meneau et remplage du XVIe siècle. Au sud de la nef s'ouvre au petit portail en anse de panier, surmonté d'une petite console très fouillée et très finement sculptée.

L'intérieur comprend une nef et deux collatéraux, réunis par des arcades eu tiers-point, retombant sur des colonnes cylindriques à chapiteaux très simples, un tailloir à deux moulures et une astragale, rappelant la forme cubique. La nef et les bas-côtés sont voûtés en bois recouvert d'enduit, la nef avec entraits et poinçons apparents ; les bas-côtés en demi-berceaux ; la première travée de ces derniers a un plafond en bois. Le transept et le chœur sont voûtés en pierres sur croisées d'ogives, retombant sur des culs-de-lampe ; ces voûtes ont été refaites en 1770. Les lambris du choeur et du transept sont du XVIIIe siècle. La chaire en chêne sculpté est de 1703, des anges aux ailes déployées forment un élégant support et les quatre panneaux sont ornés de figures en relief. Les fonts baptismaux en pierre, paraissent être du XlIe siècle et se composent d'une cuve ronde, entourée de huit colonnettes et portée sur un gros pied bas cylindrique. On remarque encore une petite pieta en bois du XVIe siècle et un bénitier simple en pierre, portant la date de 1654. Une pierre tombale de Jacques de Fouilloy, demeurant à La Villette, est datée de 1545 ; celle de Jean de Pas-Feuquières porte un écusson : de gueules au lion d'argent. Enfin deux des trois cloches sont de 1635 ; la troisième est de 1840.

Bibliographie

V. de Beauvillé, Histoire de Montdidier, I, 62 ; III, 145, 314. - Godard, Notice sur Rollot, à la bibliothèque de la Soc, des Antiq. de Pic., Mss. T. III, 31, p. 44.

3e hameau : Provastre

Il semble que Provastre puisse être l'ancien nom de La Villette. On ne le connaît que par les deux pièces suivantes : en 1115, Adèle de Vermandois confirmait que Helinand de Montdidier, chevalier, et son fils, Sagalon, avaient restitué la cure et les dîmes de Provastre à l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, qui en avait été indûment dépouillée. En 1140, Raoul Maleterre et son fils, Robert, avaient encore fait la même restitution, ayant considéré la première comme non avenue.

Bibliographie

V. de Beauvillé, Histoire de Montdidier, I, 62, 64, 486. - Cartulaire de l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, publié par Morel, dans les Mém. de la Soc. historique de Compiègne, I, 72, 103.

4e hameau : Regibaye

Prévôté, bailliage, élection et grenier à sel de Montdidier, intendance de Picardie ; la prévôté de Montdidier fut supprimée en 1749 et réunie au bailliage. Population : 7 feux en 1496.

La seigneurie relevait des Grandes Tournelles, à Montdidier. On trouve comme seigneurs : Garin de Regibaye en 1213, Jean Cailleu en 1474, Jean Leclerc en 1557 ; Aubert Leclerc, écuyer, sur lequel la terre fut saisie en 1568, parce qu'il était protestant ; Paul-Laurent Noland, en 1743 ; Charles Chef-Volant, seigneur de l'Eglantier, en 1756, qui vendit la seigneurie à Albert Palissot de Warluzel, en 1783.

Sources et bibliographie

Archives de la Somme, B 418, 458. - Bibliothèque de la Soc. des Antiq. de Pic., État des fiefs de Pic., XVIIe siècle, Mss. T. I, 9, f° 114 v°.
V. de Beauvillé, Histoire de Montdidier, I, 216 ; III, 145. - Daire, Histoire de la ville et du doyenné de Montdidier, 53, 124, 180. - Godard, Notice sur Rollot, à la bibliothèque de la Soc, des Antiq. de Pic., Mss. T. III, 31, p. 45.

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